Des Egyptiens que j’ai connus à Paris : « Amina et Sawssan Taha Hussein » (2)
Causeries du vendredi à Paris
Des Egyptiens que j’ai connus à Paris : « Amina et
Sawssan Taha Hussein » (2)
En 1999, l’Université de la Sorbonne et le bureau de presse de l’ambassade d’Egypte à Paris ont organisé un colloque sur le doyen de la littérature arabe Taha Hussein. Intitulé « Taha Hussein, d’Al Azhar à la Sorbonne, le voyage de l’authenticité à la modernité », (d’al Azhar à la Sorbonne : parcours d’un combattant dans le titre en français), J’y ai participé personnellement avec le professeur Pierre Brunel, directeur du département de langue et civilisation française, et grand professeur de littérature comparée (il fut aussi mon directeur de thèse de doctorat dans la même université) . Y a également participé, en supervisant son organisation et en le préparant avec un professionnalisme de haut niveau, le ministre plénipotentiaire Ali al-Qadi qui était à l’époque le conseiller de presse de notre ambassade à Paris. Ali al-Qadi n’était autre que le mari de madame Sawssan al-Zayate, petite-fille du Doyen, dont la présence était discrète et confiante, ainsi que la présence de son autre petite-fille brillante, directrice du musée Guimet des arts asiatiques, Amina Taha Hussein Okada. Notre relation s’est alors renforcée : une amitié chaleureuse avec Ali al-Qadi qui deviendra un amateur de littérature au point d’écrire en français des romans méritant l’attention, et un contact permanent de confiance avec Amina.
Et bien qu’elles aient été profondément influencées par l’atmosphère parisienne et l’esprit de la culture française, j’ai été très frappé par leur conscience de la part égyptienne dans leur personnalité et du fait qu’elles étaient les petites-filles du Doyen avec le devoir de suivre tout ce qui était écrit et publié sur lui dans les médias français. Amina était connue en France par le biais des divers médias comme Youtube. Et bien qu’elle fût spécialisée dans les arts de l’Inde avec de nombreux articles sur le Taj Mahal et le Gange, personne ne pouvait rivaliser avec elle quand elle parlait de Taha Hussein et de sa femme Suzanne. Elle souligne toujours leur parcours en se focalisant sur le côté universel et humain de la pensée du Doyen qui s’est consacré toute sa vie à jeter des ponts entre les deux rives de la Méditerranée.
Vous pourriez demander, où était alors Claude-Moënis Taha Hussein ? En effet, la santé du fils de Taha Hussein étaitfragile (il était né en 1921). Il n’était pas de humeur, son caractère difficile n'arrangeaient pas les choses. Et pourtant, il écrivit une introduction courte et concentrée pour le petit livre magnifique publié par le Bureau de presse de l’ambassade dans les deux langues. C’était la dernière chose écrite par Moënis depuis qu’il avait présenté avec éloquence deux ans plus tôt les correspondances du grand écrivain André Gide avec Taha Hussein et avec lui personnellement (Gide avait écrit l’introduction de la traduction française du livre « Les Jours », puis il se rendit en Egypte en 1939 comme le relate Suzanne Taha Hussein dans ses mémoires magnifiques « Avec toi », et comme je l’ai relaté dans mon livre « Cocteau l’Egyptien » publié aux éditions du Rocher en 2000.
Tandis que Sawssan et son mari Ali al-Qadi retournaient dans le tumulte de la vie égyptienne au Caire, Amina continua de travailler dans les galeries magiques du Musée de Paris.
Le penseur meurt, et ses écrits ainsi que ses petits-enfants restent, et ils préservent son nom et sa mémoire, ce qui n’arrive des hommes toujours avec les descendants des hommes illustres.